La maternité et l’internet : Une brève histoire.

La maternité et l’internet : Une brève histoire.

Photo de l'auteur de l'article Nikita Stanley, The Rebel Mama
Nikita Stanley, The Rebel Mama
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Si Instagram vous fait sentir comme à la maison et que Facebook vous rappelle un vieil ami étrange de l'université ; si Napster et MySpace évoquent des souvenirs précieux d'une liberté d'expression retrouvée ; si vous pouvez encore vous rappeler l’adorable son d'un message ICQ entrant (et le coup de dopamine qui l'accompagnait), alors vous êtes probablement né entre 1980 et 1990.

Nous, les anciens de la génération Y (et nos amis de la génération X), on a grandi à l'âge d'or d'Internet. Amazon a débarqué sur la scène en 1995 (qui se souvient de quand ils ne vendaient que des livres?). La recherche Google a été lancée en 1997. La bulle Internet a éclaté au tournant du millénaire. Et nous, on a vécu à travers tout ça.

Qu'on le veuille ou non, Internet fait partie de notre ADN. Donc, pas de surprise quand, lorsque les femmes de notre génération(s) ont eu des enfants, elles ont trouvé un moyen d’intégrer leur expérience avec la technologie qui nous a accompagnées plus jeune.

Dans toute conversation sur la maternité et Internet, on doit lever le chapeau à la génération X. Dès qu'elles ont pu établir une connexion internet dial-up au début des années 2000, ces mères ont trouvé un moyen de se retrouver entre elles. Elles ont formé des communautés de chat. Elles ont lancé des blogues et créé un espace où elles pouvaient dire à haute voix tout ce qui se disait tout bas.

Jusque-là, la maternité en tant qu'expérience était entourée de secret et pratiquement effacée du paysage médiatique : le tabou ultime. Certaines mamans télévisées ont repoussé le statu quo, mais pour la plupart, les mamans ont été décrites comme jouant uniquement des rôles de soutien. Elles ont souri, aimé et sacrifié sans laisser entendre que tout l'exercice était une torture mentale, physique et émotionnelle.

Les mamans blogueuses OG du début des années 2000 ne voulaient rien à voir avec ça. Elles n’avaient pas de filtre. Les pionnières de cette époque étaient des écrivaines comme Heather Armstrong qui a lancé son blogue irrévérencieux dooce1 en 2001, Jill Smokler qui a lancé Scary Mommy2 en 2008 et (notre préférée) Amy Morrison qui a lancé The Pregnant Chicken3 en 2010.

Mais ces blogueuses ignoraient qu'une nouvelle ère se profilait à l'horizon. Vers 2010, la capacité d'attention des gens a complètement dérapé et les choses sont passées au visuel. Tout a commencé avec les Vlogues - forme longue, forme courte, aucune importance. Les mamans voulaient du contenu et elles le voulaient là, là. Concis, sans mise en scène et DRÔLE étaient les exigences (pensez aux légendes basées à Toronto, Cat & Nat4). Ce contenu est né sur YouTube, mais Facebook s’est avéré le match parfait. Si vous pouviez parler directement de l'expérience parentale, chaque femme qui a initialement rejoint Facebook avec un courriel universitaire et fondait maintenant (15 ans plus tard) une famille le partagerait et BOUM ! Viral viral viral. À n’en plus finir.

Facebook, cependant, serait bientôt dépassé par une plateforme plus élégante, plus sexy et plus esthétique : Instagram. Instagram a créé les conditions idéales dans lesquelles les mères au foyer de la classe moyenne supérieure, férues de design d'intérieur (souvent avec des cheveux très blonds et des dents très blanches) pourraient se hisser au sommet de l'air du temps numérique. C'est exactement le moment où je suis entré en scène. Ce que je n'avais pas réalisé à l'époque (mais qui a beaucoup de sens maintenant qu’on le voit avec du recul), c'est que j'avais procréé à l'apogée des mamans mormones en ligne. Pas étonnant que je ne puisse pas comprendre! Kathryn Jezer-Morton nous dit dans son article du New York Times de 2020, Did Moms Exist Before the Internet? :

Les mères mormones ont été parmi les premières et les plus enthousiastes à adopter les blogues. Et contrairement aux blogues confessionnels des premières mamans, les blogues des mères mormones diffusaient une vision polie et propre de la maternité, remplie de projets d'artisanat D.I.Y. et de séances photo de famille coordonnées.5

Ces photos finiraient par jouer un rôle dans la monétisation de ces styles de vie ambitieux en ligne : la culture des influenceurs. Et les mamans blogueuses en ont profité sur un moyen temps! Des noms comme Amber Fillerup6 me viennent à l'esprit. Selon certaines rumeurs, elle aurait gagné jusqu'à 6 millions de dollars7 par an à son apogée grâce à son empire de médias sociaux. Le tout en faisant la promotion des récits les plus hétéronormatifs, blancs et conservateurs sur la vie de famille qu’on puisse s’imaginer.

Et avec cet environnement sous les yeux, j'avais de quoi me rebeller. J'avais 25 ans : une jeune femme de couleur, nouvellement enceinte, ne remarquant que des trous qui ne demandaient qu'à être comblés dans la section maman de l’Internet. Où étaient les gens qui racontaient des histoires honnêtes et nuancées? Où étaient les visuels intéressants / avant-gardistes? Où était le contenu intelligent et subversif? Où étaient les mamans qui construisaient de vraies communautés et se soutenaient réellement les unes les autres? Où étaient les mamans noires? Les mamans qui travaillent? Les mamans célibataires? Les multi-traits-d'union? Où étaient les mamans cool?

Et avec ça, The Rebel Mama est née. Les mamans cool, bien sûr, avaient toujours existé… mais elles avaient tendance à le faire discrètement, en volant sous le radar afin de ne pas être frappées par les foudres de jugement des fidèles guerriers du clavier du patriarcat dans les sections commentaire. C'est ce qui a distingué The Rebel Mama lorsqu’on l’a officiellement lancé (et les réseaux sociaux qui l'accompagnent) en 2015. Aleks et moi, on s’en foutait des guerriers du clavier. On n’en avait rien à battre de ce que les gens avaient à dire sur nous. Tout ce qui nous importait, c'était d'ajouter une voix à la conversation parentale qu’on voyait comme trop peu représentée.

Avec 4,4 millions de blogues de mamans en 20148 (l'année où on a eu nos premiers enfants), on savait qu’on aurait besoin d’une niche et on s’en est trouvé une en étant simplement aussi fidèles à nous-mêmes que possible afin que les autres parents nous voient et sachent qu’ils et elles sont libres de l’être tout autant.

Depuis notre création en 2015, on a exploité l'économie des influenceurs (pas dès le début), mais on est toujours resté "influentes" de manière constructive. On incite les gens à ne pas porter de jugement, à rire, à démanteler les tabous et à conserver leur identité pendant la transition vers et à travers la parentalité. On incite les mamans à être financièrement indépendantes (notre deuxième livre "Get Your $hit Together" traite de la littératie financière et de la prise de décisions financières intelligentes) et on encourage les gens à voter pour le monde qu'ils veulent voir, à la fois aux urnes et avec les dollars pour lesquels ils travaillent si dur. On travaille uniquement avec des marques dont on pense que les produits et services bénéficieront réellement à notre public (de nos jours on a notre Annuaire RMx, sur lequel vous trouverez oxio, bien sûr !). On s’assure toujours que leurs offres sont alignées et que leur moralité est intacte.

La maternité et Internet ont toujours été dans une relation compliquée. Le World Wide Web est un endroit où les mamans ont rencontré des amis de toujours et de vicieuses critiques. Il apporte inspiration et insécurité, information et bouleversement. Mais la génération X et la génération Y se sont avérées particulièrement bien équipées pour l'utiliser d'une manière qui en tire des avantages considérables (financièrement et autrement). On a hâte de voir ce qui se passera ensuite lorsque les mamans de la génération Z prendront le flambeau et courront avec.

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